Notes sur le clavecin


Le clavecin est un instrument à clavier et à cordes pincées, qui a comme origine le psaltérion, sorte de cithare trapézoïdale dont on pouvait jouer soit en pinçant les cordes, soit en les frappant avec de petits marteaux de bois, comme l’attestent les représentations iconographiques de l’antiquité et du moyen âge. Après avoir eu l’idée d’y installer un clavier, de la première technique est apparu le clavecin (harpe couchée). De la seconde est né le clavicorde puis le pianoforte. Le nom qui a été donné initialement au clavecin clavicembalum est attesté en 1397. Vers 1440, le médecin Heinrich Arnold von Zwolle (Henri Arnault de Zwolle), décrit un clavicembalum. Mais il n’existe plus de nos jours aucun instrument datant des XIV éme et XV éme siècles… Le plus ancien clavecin complet que nous connaissons date de 1521, construit par Jérome de Bologne et conservé au Victoria and Albert Museum de Londres. A cette époque les clavecins ne possédaient qu’un seul clavier. Les premiers modèles à deux claviers ont été construits en Flandres par la célèbre famille de facteurs, menée par Hans Ruckers dès le XVI ème siècle, puis par ses fils au début du XVII ème siècle. Mais il faut savoir que ces premiers instruments à deux claviers ne donnaient pas la même note (do) sur les deux claviers, le clavier supérieur étant accordé généralement à la quarte (fa).


Ce n’est qu’à la fin du XVII ème siècle que les facteurs français, reprenant les clavecins réputés, déjà construits par l’atelier Ruckers, les ont modifiés pour les mettre au goût du jour pour l’interprétation de la musique de François Couperin et celle de Jean Sébastien Bach, en unifiant les deux claviers qui désormais sonnaient à l’unisson (huit pieds), et en y ajoutant un jeu d’octave (quatre pieds). On parlait à l’époque du petit et du grand ravalement, suivant l’importance des modifications opérées sur les originaux flamands. De tous temps, le clavecin a eu sa musique propre, qu’elle soit d’accompagnement, concertante ou soliste, et ce serait une erreur de considérer cet instrument comme un ancêtre mal abouti d’instruments plus tardifs comme le pianoforte, le piano romantique ou moderne, qui comme lui, possèdent leur musique et, comme lui, sont irremplaçables pour l’interpréter.

Jean BASCOU