Octobre 2020
Editorial
Chères amies, chers amis des Riches heures musicales de la Rotonde.
Dans notre précédente lettre de Juin dernier, nous avions tiré les conséquences de l’épidémie sur notre saison 2020. Notre but essentiel était de faire vivre l’esprit des Riches Heures et la présence de la musique en ces temps troublés. Le bilan ci-dessous montre que le défi a été couronné de succès. La saison s’est récemment terminée dans la Rotonde où, dans le respect des règles sanitaires en vigueur, nous avons accueilli avec nos amis de Vivre à Simiane, une très vivifiante soirée « cabaret ».
Face à la situation de crise, il faut faire « comme si » ; ne pas tout arrêter, mais anticiper, imaginer que tout ira mieux, et s’adapter ensuite, condition de la pérennisation de notre action.
C’est dans cet esprit que nous avons reprogrammé une belle saison 2021.
Et, je le rappelle une fois de plus, comme maintenant dans chacun de ces éditoriaux, nous avons besoin de sang neuf dans l’équipe !
Gilbert Elkaïm
Président du conseil d’administration
Comment nous joindre ?
Rappel ci-dessous de nos coordonnées, le mieux étant notre adresse mail, où les messages sont consultés quotidiennement. Le téléphone fonctionne essentiellement en période de festival.
Les Riches Heures Musicales de la Rotonde – 04150 Simiane-la-Rotonde France
Association loi 1901-Siret 392 217 436 00014
Tel : administration 33 (0) 6 30803828
courriel : festivalaccueil@gmail.com
http://www.festival-simiane.com
Lettre à nos amies et amis,
Chers amis des Riches Heures Musicales,
Lors de la dernière réunion de notre Conseil d’Administration, nous avons décidé de nous adresser à vous par l’intermédiaire de cette Lettre d’Information.
Voilà en effet maintenant plusieurs années que beaucoup d’entre vous suivent fidèlement l’activité de notre association et participent régulièrement à nos concerts, sans toutefois nous rejoindre comme adhérents.
Les adhésions représentent pour nous un élément essentiel, le noyau de notre action. Elles constituent d’abord un socle de financement, lui-même garant de notre crédibilité auprès d’autres financeurs et surtout des instances publiques qui nous accordent des subventions annuelles (Commune, Département, Région, Etat), ainsi qu’auprès de nos mécènes.
Elles nous permettent d’avoir un vivier de personnes susceptibles de prendre à nos côtés, si elles le souhaitent, des responsabilités au sein de nos instances.
Mais l’adhésion permet surtout aux adhérents d’être partie prenante de l’activité de l’association par la discussion de nos orientations, par la force de propositions, tout cela se traduisant notamment par le vote, au moment des Assemblées générales.
C’est pourquoi nous menons cette campagne d’adhésion et faisons appel à vous, amateurs de musique, pour nous soutenir activement. Nous joignons donc à cette Lettre, un bulletin d’adhésion. Notez que, en raison de la situation sanitaire, toute adhésion prise à partir du 15 octobre 2020 sera exceptionnellement valable jusqu’au 31 décembre 2021.
Quoi qu’il en soit, nous espérons que vous continuerez à être à nos côtés et à participer à nos concerts et autres activités.
Petit rappel utile…
LES COTISATIONS 2020 (sans changement par rapport à 2019)
Individuel 30 €
Couple 45 €
Pensez aux dons au bénéfice de l’Association des « Riches Heures Musicales de la Rotonde », reconnue d’intérêt général, qui bénéficient d’une réduction d’impôt de 66 % !
Les Riches heures… hors les murs.
Par Gilbert Elkaïm
Hors les murs, tel était le mot d’ordre. A l’exception de la conférence donnée par Jack Meurant sur « Giono, ombres et lumières », dans la Rotonde, très appréciée par un public hélas limité pour cause de distanciation, tout s’est déroulé en extérieur.
Il y eut d’abord les riches et profondes sonneries des Cors des Alpes, en deux temps.
Le matin sur la place René Char, en aubade sur le marché de Simiane. Aubade dont tout le village a profité, le son se propageant vers les hauteurs où habitants et touristes étaient ainsi aux premières loges.
Le soir, c’est dans la cour du Château, aux portes de la Rotonde, que les Briançonneurs se sont installés.
Alternant airs de la tradition Alpine et adaptations diverses, ponctués d’explications d’une grande clarté pédagogique, ce concert a fait la joie des spectateurs dont beaucoup nous ont dit découvrir avec un grand plaisir cette forme d’expression musicale.
Quelques jours après, c’était au tour de l’ensemble Artifices de parcourir l’histoire de la musique à travers le chant des oiseaux. Accueillis par Florence et Alain Schwarzstein aux « Ribes vieilles », les flûtes de Mathieu et le violon d’Alice ont guidé, par deux fois, un public attentif et séduit sous la lumière d’une douce fin d’après-midi.
On est ainsi allé du chardonneret au cygne, de Vivaldi à Saint Saëns, en passant par le célèbre coucou de Daquin, terreur de générations d’apprentis pianistes et clavecinistes.
Au total, plus de 150 personnes ont été présentes, certaines à toutes les manifestations, d’autres ponctuellement, ce qui a montré que la musique vivait en dépit de tout sur nos terres, et que notre pari était gagné.
Soirée du Samedi 10 octobre à 20 heures.
Par Josiane Tamburini
Concert organisé par « Vivre à Simiane » et « Les Riches Heures musicales »
Le Cabaret du Chat Noir
Lucile Pessey, chant
Aurélie Lombard, accordéon.

Sous la coupole de la Rotonde, depuis le 12ème siècle, ont résonné beaucoup de voix, notamment celles des troubadours. Avec le Festival, la musique ancienne a régulièrement été mise à l’honneur. Mais, pour la troisième année consécutive, un concert d’automne, différent, est proposé par les deux associations. Samedi dernier le vieux monument s’est ainsi transformé en cabaret montmartrois ! Bruant, Satie, Kosma, Trénet, Delibes et tant d’autres ont été interprétés par les deux artistes avec un brio et un entrain qui ont conquis les spectateurs, leur donnant envie de chanter, et même de danser ! La légéreté, la gaîté, voire un brin d’esprit coquin avec les « têtons » de «Valentine », sont allés de pair avec un haut niveau musical. La voix fluide de Lucile Pessey et ses qualités de comédienne ont enchanté le public. Elle a merveilleusement servi les textes et montré l’étendue de son talent dans deux mélodies de Gabriel Fauré et une chanson d’Eric Satie. Avec son interprétation des « Feuilles mortes », tout en douceur et en nostalgie, un ange est passé dans la Rotonde. Aurélie Lombard de son côté a su exprimer avec son accordéon une vaste palette de sentiments : tendresse, joie, ironie, passion. Elle a maîtrisé son instrument avec tout son corps, dans un ballet quasi amoureux. Deux solos- un tango langoureux et une valse entraînante- ont carrément électrisé l’auditoire. Pour terminer ce concert réjouissant, la salle a repris avec les musiciennes les refrains de « Frou-frou » et de « La java bleue ». Certains dans l’assistance s’en sont donné à cœur joie ! Pour tous ce fut l’occasion d’apprécier ces « pépites » de la chanson française.
Une bien réjouissante soirée pour chasser aussi loin que possible la morosité ambiante !
Prenez note…
Août 2021 : 39 ° édition du Festival !
Les concerts du Festival
21h dans la Rotonde du Château .
2 août. Ensemble Canticum novum : « T(h)races » Sur les terres ancestrales d’Orphée, fils du roi de Thrace et de la muse Calliope. Ce programme de musique grecque, bulgare et turque du XIIIème au XVème siècle accueille parmi ses chanteurs et musiciens la flûtiste kaval Isabelle Courroie, bien connue dans notre région.
5 août. Comet musicke ensemble et le ténor Francisco Manalich : programme « Orféo, le fere e i sassi », musique italienne inspirée par le mythe d’Orphée, avec plusieurs compositeurs parmi lesquels Monteverdi et son célèbre Orféo (un des premiers opéras de l’histoire de la musique) dont nous aurons des extraits.
7 août. Ensemble Artifices d’Alice Julien-Laferrière et le baryton Etienne Bazola, en création à Simiane :« Le bestiaire d’Orphée » ou « Les effets de la Musique sur les animaux ». Ce concert passera en revue les animaux terrestres ou aquatiques, insectes ou mammifères … Quelles relations musicales, quels dialogues lient les humains et les animaux ?
10 août. Ensemble l’Achéron : « Lachrimae lyrae », « les larmes de l’exil », rencontre du quatuor de violes de gambe et de la lyra grecque de Sokratis Sinopoulos ; du monde élisabéthain (musiques de Dowland), et byzantin-ottoman des musiciens grecs exilés.
13 août. Trio « Musica humana » : en création « Machaut Orféo », entre la fin du Moyen-Age du poète musicien Guillaume de Machaut, la Renaissance de Ronsard et Du Bellay qui redécouvrent le mythe d’Orphée, et les compositeurs italiens Monteverdi, Gabrieli etc … Tel le poète lyrique Orphée, leur chant mêlera poésie et musique.
Autour du festival
(sous réserve d’autres manifestations, non encore complètement décidées à ce jour)
Le 31 juillet à partir de 18h : salle basse de la rotonde du Château
Vernissage de l’exposition autour du thème d’Orphée
Par ‘Empreinte04’ Atelier de gravure de Manosque
Le 8 août à 21h : salle des fêtes de Simiane la Rotonde,
Le « ciné-club » du Festival :
Orfeo Negro, film de Marcel Clément
(entrée libre)
Autour de nous.
Nous inaugurons ici une nouvelle rubrique, permettant d’aller à la rencontre de lieux musicaux passionnants, et parfois méconnus, dans notre région.
Manuscrits précieux en pays d’Apt.
Sophie Bois, organiste à la cathédrale d’Apt, a répondu à nos questions. Nous la remercions vivement.
La cathédrale d’Apt recèle des trésors sous forme de célèbres manuscrits musicaux ; que contiennent ils ?
Il s’agit de 5 manuscrits contenant de la notation musicale médiévale. Ils embrassent une large période allant du XIème au XVème siècle et témoignent de la richesse de la pratique musicale liturgique à Apt durant cette période. Il est à noter que le chapitre d’Apt (ensemble des clercs attachés à la cathédrale) fondé en 991 sera l’un des plus célèbres d’Europe et sa réputation concernant la pratique du chant grégorien se poursuivra jusqu’au XVIIème siècle.
Les manuscrits 17 et 18 sont des tropaires (le trope est l’ajout d’une partie inventée au milieu du chant grégorien) monodiques du XIème siècle. La notation est neumatique : des points, traits et accents sont notés au-dessus du texte et représentent le mouvement de la mélodie dans le temps et l’espace.
Le manuscrit 6 date du XIIIème siècle. Il s’agit d’un antiphonaire (recueils de chants liturgiques). On y remarque une évolution de la notation avec l’ajout d’une ligne rouge servant de repère.
Le manuscrit 16 bis est peut-être le plus célèbre car c’est un des rares témoignages de la musique interprétée à la chapelle pontificale d’Avignon. Il est constitué de 6 cahiers utilisant le parchemin ou le papier écrit entre 1360 et le tout début du XVème siècle. Polyphonique, il est représentatif des techniques de composition des XIV et XVème siècles.
Il est probable qu’il fut compilé par Richardus de Bonzovilla, Maître de chapelle de Clément VII et Benoit XIII mais aussi Prévost de la cathédrale d’Apt de 1400 à 1405. Il a sans doute transmis le répertoire polyphonique de la chapelle pontificale à Apt et a consolidé les relations entre les deux cités, permettant au diocèse d’Apt d’accéder à un répertoire musical de haut rang.
Le manuscrit 9 contient peu de notation musicale, mais il s’y trouverait un hymne à Sainte Anne composé par Richardus.
– Lors des récentes journées du patrimoine, l’ensemble Witiza et vous-même ont donné un concert en la cathédrale ; le répertoire était-il composé uniquement autour des manuscrits ou avez-vous utilisé d’autres sources ?
Dans le cadre des journées du patrimoine, j’ai souhaité relier les manuscrits médiévaux et l’orgue de la cathédrale en proposant à l’ensemble Witiza une alternance entre la musique vocale médiévale et du répertoire plus tardif pour orgue inspiré de thèmes médiévaux.
3 pièces du manuscrit 16 bis ont été chantées : un extrait de l’Ave Maris Stella, un credo et un sanctus. Mais nous avons volontairement puisé dans d’autres répertoires afin de proposer un programme original et varié dont le but était de donner un éclairage aux manuscrits d’Apt en faisant entendre des pièces contemporaines des manuscrits 17-18 et 16 bis, ainsi que les interactions entre différents manuscrits, genres et techniques d’écriture, et en rappelant que la musique médiévale a été et reste source d’inspiration pour les compositeurs.
Ainsi, avons-nous proposé plusieurs versions du Kyrie Orbis factor : la version en grégorien, une version pour orgue extraite des Fiori Musicali de Frescobaldi, une version du manuscrit de Saint Guilhem le Désert harmonisé par un des musiciens de l’ensemble et une version pour orgue de Nibelle. Dans le même esprit, nous avons donné plusieurs versions de l’hymne Ave Maris Stella (dont la version du manuscrit 16 bis d’Apt) en alternance avec des improvisations à l’organetto (petit orgue médiéval). Des pièces profanes de Landini, Machaut ou le Kyrie cunctipotens ont permis d’entendre les interactions entre musique sacrée et profane et l’utilisation des instruments tels que le oud et le rebec. Le Salve Regina pour orgue de Langlais a permis d’entendre que la technique du trope héritée du XIème siècle et que l’on retrouve dans les manuscrits d’Apt s’est poursuivie jusqu’à nos jours.
– Il me semble avoir lu que parmi ces manuscrits, une messe célèbre a été découverte récemment ; a t-elle été jouée, ou le sera t-elle ?
Après avoir organisé plusieurs stages et concerts autour des manuscrits, l’association culture et orgues a développé son projet en achetant un organetto médiéval et en réalisant, avec l’aide du musicologue Julien Ferrando, une exposition itinérante constituée de 5 panneaux. Julien Ferrando a accepté de nous accompagner dans notre projet de numérisation des manuscrits et le partenariat avec le musée d’Apt devrait permettre de faire aboutir ce projet et de rendre ainsi ce patrimoine accessible aux musiciens, aux chercheurs, aux amateurs et aux curieux. Par ailleurs, ces manuscrits méritent une étude approfondie à la lumière des connaissances musicologiques actuelles. Espérons qu’à ce niveau-là aussi les choses pourront avancer.
En attendant, l’association poursuit un travail de médiation en organisant des stages, des concerts, en accompagnant des projets, comme par exemple celui de la classe multi-claviers du conservatoire de musique du Pays d’Apt Luberon qui développe un axe pédagogique autour de la musique médiévale.
Pour aller plus loin, quelques enregistrements (liste non exhaustive) :
.Messes de Barcelone et d’Apt par l’ensemble Gilles Binchois
.Temps nouvel, musiques de Provence et de méditerranée
.L’impasse merveilleuse par l’ensemble Witiza
.Protus Ré par l’ensemble Witiza
.Messe de Tournai par l’ensemble Organum
.Lux, Messe de sainte Lucie par l’ensemble Kantika, integral classic