Mars 2020
Éditorial :
L’assemblée générale annuelle de l’association des riches heures s’est tenue le 11 janvier dernier dans un climat d’échange constructif, en présence d’une partie de nos quelque 80 adhérents. Outre les décisions classiques, votes à l’unanimité du rapport moral et quitus donné au trésorier, l’actuel maire de Simiane, Louis Laudun, a été consacré membre d’honneur pour son soutien actif et bienveillant.
Notre action se poursuit dans l’esprit des années précédentes, avec un approfondissement et un élargissement du public, et un partenariat également maintenu. Elle est détaillée dans les articles de la présente lettre, enrichie de contributions au nombre desquelles celle d’une adhérente, qui j’espère ouvrira la voie à d’autres.
Pour autant, ce bilan satisfaisant et ces perspectives prometteuses ne doivent pas nous interdire d’attirer votre attention sur l’avenir. Lors de l’AG, j’ai indiqué à titre personnel que, si le conseil d’administration me renouvelait sa confiance, j’en serais honoré mais que j’estimais qu’il était normal et sain pour une association de « passer la main » ; ce que je ferai pour ma part à la fin de mon mandat d’administrateur, le 31 décembre 2022. Nous avons également déploré de ne pas pourvoir tous les postes au Conseil d’administration faute de candidats.
Certes, beaucoup d’adhérents apportent leur aide ponctuelle, notamment pendant le festival, et cette aide est précieuse. Mais faire vivre l’association, développer les actions, élargir nos ressources, cela demande un travail régulier.
Il faut donc, sans être catastrophiste, rappeler que beaucoup d’associations, même en pleine santé et dont l’action est reconnue, en arrivent à « mettre la clé sous la porte » faute d’instances renouvelées.
C’est pourquoi je lance un appel vibrant à nos adhérents et sympathisants : rejoignez-nous pour renforcer l’équipe, parlez-en autour de vous. Cela peut être par un engagement à l’essai, avant de faire le saut d’exercer une fonction plus pérenne. Nous sommes ouverts à toute proposition en ce sens, n’hésitez pas à nous en parler, à nous envoyer un message : l’urgence n’est pas encore vitale, mais elle peut le devenir, et il est de notre responsabilité de le dire.
D’ici là, au plaisir de vous retrouver lors de nos actions.
Gilbert Elkaïm
Président du conseil d’administration.
Une équipe
L’assemblée générale du 11 janvier 2020 a procédé à l’élection du Conseil d’administration, qui est l’instance dirigeante de l’Association des Riches Heures Musicales de la Rotonde. Vous trouverez ci-dessous, avec leurs attributions, la liste des membres de cette équipe, sachant qu’au-delà de telle ou telle responsabilité, c’est le caractère collectif et convivial de notre travail qui nous motive.
Gilbert ELKAÏM Président
Sabine REYNARD Vice Présidente
Bernard CAVALLO Trésorier
Anne FERRE Trésorière-Adjointe
Colette VALVERDE Secrétaire
Josie TAMBURINI Secrétaire-Adjointe
Hélène ELKAÏM Administratrice
Jean BASCOU Administrateur
Un poste d’administrateur reste non pourvu, en l’absence de candidature.
Nous joindre…
Les Riches Heures Musicales de la Rotonde -04150 Simiane-la-Rotonde France
Association loi 1901-Siret 392 217 436 00014
Tel : administration 33 (0) 6 30803828 courriel : festivalaccueil@gmail.com
http://www.festival-simiane.com
Merci de bien vouloir noter…
LES COTISATIONS 2020 (sans changement par rapport à 2019)
Individuel 30 €
Couple 45 €
Pensez aux dons au bénéfice de l’Association des « Riches Heures Musicales de la Rotonde », reconnue d’intérêt général, qui bénéficient d’une réduction d’impôt de 66 % !
Souvenirs de la 37 ° édition : ensemble Apotropaik, et conférence de Benjamin Alard
LE TARIF DES CONCERTS 2020 (sans changement par rapport à 2019)
Plein tarif | 30 € |
Adhérents | 22 € |
Jeunes, étudiants, chômeurs | 10 € |
Simianais (pour 1 concert au choix) | 10 € |
Moins de 12 ans | gratuit |
Ouvrons nos agendas
7 avril Concert salle des fêtes 20h
Entrée libre dans la mesure des places disponibles ;
tickets gratuits à disposition dans les commerces de Simiane.
(voir article ci-dessous « Sur les pas de Lise »)
15 mai Ouverture des réservations pour le festival
Places non numérotées – Même système de réservation que l’an passé, à l’exception de l’Office du tourisme du pays d’Apt qui ne vendra plus de places.
21 juin Fête de la Musique
Salle des fêtes (et peut être ailleurs dans Simiane).
Nous poursuivrons en 2020, en l’enrichissant, l’expérience de 2019, en partenariat avec les associations simianaises volontaires.
Notre mot d’ordre sera : sans complexe, VENEZ FAIRE DE LA MUSIQUE, un piano sera à disposition, apportez vos autres instruments si vous en avez, et l’improvisation sera au rendez-vous.
Nous préciserons les modalités exactes d’ici là.
Août : 38° édition du Festival
« Orphée, le chant du monde »
Les concerts du Festival
- Dimanche 2 août – 21h : « T(h)races » par l’ensemble « Canticum novum »
- Mercredi 5 août – 21h : « Lachrimae lyrae »(les larmes de l’exil) par l’ensemble « l’Achéron »
- Samedi 8 août – 21h : » Machaut Orfeo » par l’ensemble « Trio Musica humana »
- Lundi 10 août – 21h : « Orfeo, le fere e i sassi » par l’ensemble « Comet musicke » et le ténor Francisco Manalich
- Jeudi 13 août – 21h : « Le bestiaire d’Orphée » ou « Les effets de la musique sur les animaux » par l’ensemble « Artifices » d’Alice Julien-Laferrière et le baryton Etienne Bazola
Autour du festival :
du 1er au 15 août Salle basse de la Rotonde
Exposition de gravures autour du thème du festival
par l’association » empreintes 04
(vernissage le 1er Août à 18h)
3 août à 18h30 salle haute de la Rotonde
Conférence et illustrations musicales : Jean Giono « Ombres et lumières »
par Jack Meurant, écrivain et biographe de Pierre Magnan.
En partenariat avec la librairie « Le Bleuet » : Entrée libre.
9 août à 20 H30
Ciné-Club : « Orfeu negro » de Marcel Camus (1959)
Projection en partenariat avec la librairie Le Bleuet dans la nouvelle salle des fêtes de Simiane
(entrée gratuite dans la limite des places disponibles)
10 octobre 20h30 à la Rotonde
Spectacle automne en partenariat avec Vivre à Simiane
« Le cabaret du chat noir »
Lucile Pessey voix
Aurélie Lombart accordéon
Quelques éclairages complémentaires
Rapport Financier sur l’exercice 2019 : principaux éléments
par Bernard Cavallo
Globalement un accroissement des ressources propres (recettes avant prise en compte des subventions), et confirmation de la maîtrise des dépenses.
Dépenses : sur l’exercice elles s’élèvent à 32 167€ ce qui représente une diminution de 9% par rapport à l’exercice précédent et de 25% par rapport à l’exercice de 2017, alors même que le périmètre de nos activités a significativement augmenté par rapport à 2017 avec notamment les nouvelles actions engagées à l’attention des populations du territoire et des élèves de l’école de Simiane.
On distingue deux types de dépenses ; celles que nous pouvons totalement maîtriser, et celles qui dépendent de tiers ; dans la première catégorie nous prenons en compte les frais de fonctionnement de l’association (assurance, téléphonie), ainsi que les frais liés à l’organisation du Festival, tels que les frais de publicité, de communication : dans les deux cas nos dépenses sont en diminution.
Les frais de fonctionnement à 1831€ ne représentent que 6% du montant total des dépenses et sont en diminution de 19% par rapport à l’exercice précédent (soit une diminution de 37% par rapport l’exercice 2017 !!).
Les frais d’organisation du Festival que nous maîtrisons intégralement s’élèvent à 4585€ soit une très légère diminution de 1% par rapport à l’exercice précédent, mais 45% de diminution par rapport à l’exercice 2017 ; cela montre l’effort fait depuis 2017 dans la maîtrise des dépenses et le fait que nous soyons maintenant arrivés à un seuil très bas.
Les frais directs liés au Festival et qui dépendent essentiellement des ensembles de musiciens à l’affiche dépendent donc à la fois de la notoriété de l’ensemble ( coût du cachet ), et de la composition de l’ensemble ( le nombre de musiciens impactant donc les frais d’hébergement et de bouche), ainsi que du lieu de résidence qui impacte les frais de transport ; bien évidemment ces différentes charges sont négociées mais nous n’avons pas une maîtrise totale sur l’évolution de cette charge ; cependant elle reste stable à 23722€ sur cet exercice à comparer à 24000€ sur l’exercice précédent et à 26000€ l’année précédente. Il faut noter que la charge correspondant à la manifestation majeure organisée par notre association, le FESTIVAL, correspond à 88% des dépenses.
Recettes : elles s’élèvent à 41883€ et correspondent à une progression de 12% entre deux exercices comparables.
Nos ressources propres (hors subventions) représentent 58% de nos ressources totales et sont en progression de 19% par rapport à l’exercice précédent.
Cette progression vient majoritairement du développement des actions conduites vis-à-vis notamment de mécènes, en augmentation de 63% à 4650€ ; soit 11% de nos ressources totales (avec subvention) et 19% de nos ressources propres.
Les ressources liées aux adhésions sont en diminution : elles continuent de représenter 8% de nos ressources propres à 1875€. Les dons sont en augmentation de 14 % mais ne correspondent qu’à une faible partie de nos ressources propres (7%)
Les recettes liées à la billetterie sont en augmentation de 18% par rapport à l’exercice précédent, et correspondent avec un total s’élevant à 14975€ à 61% de nos ressources propres
On notera donc l’accroissement significatif de notre capacité de financement par des ressources externes autres que les subventions, ce qui correspondait à notre orientation en début de mandat. Au terme de l’exercice la trésorerie s’élève à 24117€, ce qui nous permet d’envisager la poursuite de nos activités hors période du festival à destination de la jeunesse et des populations du territoire.
Au terme de l’exercice la situation de l’association est bénéficiaire de 9491€.
La fréquentation des concerts
par Bernard Cavallo
Depuis deux ans nous constatons une augmentation significative de la fréquentation des concerts lors du Festival : plus 17% en 2019 par rapport à 2018 année qui avait déjà une fréquentation en hausse de 16% par rapport à 2017 ; globalement cet état de fait est satisfaisant.
Cependant nous devons également constater que la fidélité des spectateurs n’est pas aussi forte que nous pourrions l’espérer ; en effet une étude montre que :
- en 2019 plus de 71% de spectateurs n’étaient pas présents en 2018
- en 2018 plus de 80% de spectateurs n’étaient pas présents en 2017, et plus de 84% n’étaient pas présents en 2016.
On peut donc se féliciter que la programmation de chaque Festival attire de nouveaux spectateurs, mais il serait souhaitable de fidéliser beaucoup plus le public, action vers laquelle nous allons nous engager.
Par ailleurs, si on se penche sur la fréquentation par les membres de l’association on constate en 2019 qu’ils sont seulement 16% parmi les spectateurs. Hors membres du Conseil d’Administration 67% des adhérents fréquentent le festival mais plus de 30% de nos membres n’ont pas assisté à un seul concert de 2019. ; enfin seulement 8% assistent aux 5 concerts.
Il faut également noter que le public varie énormément d’une soirée à l’autre ; en effet en moyenne sur les 5 dernières années, nous constatons que 72% des spectateurs ne viennent qu’à un seul concert, 12% assistent à 2 concerts, 5% assistent à 3 concerts, 3% assistent à 4 concerts et enfin 8% assistent à tous les concerts ; merci à ces derniers pour leur fidélité !!
Un étude réalisée en 2017 et portant sur les 5 dernières années avait montré que la fréquentation du Festival était assurée par des Simianais à hauteur de 15%, venant du 04 pour 20% de la fréquentation, venant de la Région Provence (hors 04) pour 41%, venant de la Région Auvergne Rhône Alpes pour 9%, de Paris pour 10% et pour l’Union Européenne et la Suisse pour 5%.
Nous ne pouvons que nous féliciter de notre empreinte sur le territoire, mais ces diverses analyses doivent alimenter notre réflexion sur la trajectoire que nous devons donner dans les années à venir à notre Association et à sa manifestation phare qu’est le Festival.
Retour sur une enquête : le questionnaire de 2018.
par Josiane Tamburini et Colette Valverde
Afin de mieux appréhender son public et voir quels seraient les points à améliorer ou à maintenir dans sa démarche, Les Riches Heures Musicales ont fait remplir, en 2018, un questionnaire aux spectateurs.
Sur près de 500 questionnaires distribués, nous avons recueilli et analysé 94 réponses. Le dépouillement fait ressortir les éléments suivants, sachant que nous avons bien entendu conscience du caractère relatif des résultats, avec un taux de réponse au questionnaire de 20 %.
– Les personnes qui ont répondu sont majoritairement des femmes (65%), de plus de 65 ans (49%), fréquentant plusieurs activités (74 % participent à d’autres festivals ou sorties culturelles).
– La classe d’âge majoritaire de nos spectateurs se situe entre 50 et 65 ans (86%). Ce constat est à tempérer en 2019, où nous avons constaté la présence de couples avec enfants.
– 60% du public est constitué de « gens de passage ». Les 40 % qui habitent la commune se répartissent en 25 % de résidents à l’année et 15 % de résidents secondaires.
– Les catégories socio-professionnelles sont en grande partie liées à l’âge du public, à savoir, 45% de retraités, 27 % de cadres et 1 seul dans la rubrique « chômeur, étudiant, agriculteur ».
– Bien que 60 % du public soit constitué de « des gens de passage », 59 % connaissaient déjà le festival. On peut donc parler d’une fidélisation pour une partie de notre public.
– Les spectateurs ont majoritairement connu le festival par les dépliants 38 %, (25 % par les dépliants des offices de tourisme, 13 % par les dépliants courrier), 33 % par des proches et 19 % par le site internet. Le choix du public s’effectue très largement en fonction des œuvres programmées.
– Le fait d’être adhérent ne joue pas forcément sur la participation aux concerts, puisque ‘en 2018, seulement 23 % des spectateurs adhérents de l’association des Riches heures.
– Enfin 94 % sont prêts à revenir. Le public est globalement satisfait à très satisfait.
Ce pourcentage est encourageant. Il nous incite à maintenir une programmation de qualité.
Nous devons toutefois avoir une réflexion sur nos choix si nous voulons capter un public également plus jeune. Mais aussi peut-être sur nos tarifs pour toucher un plus large public.
Un tiers des réponses ont été assorties de commentaires plus détaillés : voici brièvement ce qui s’en dégage (nota, le faible nombre de remarques doit nous conduire à relativiser la portée de celles-ci, même si chaque opinion compte pour nous).
Dans l’immense majorité des cas, des compliments et des encouragements.
Les critiques ont surtout porté sur le système de réservation : 15 personnes ont regretté que les places ne soient plus numérotées, l’une d’entre elles se disant même prête à payer davantage pour faciliter le retour à l’ancien système.
Les autres critiques, en très petit nombre, ont porté sur le coût trop élevé des places (1 personne), l’absence de traduction des textes chantés et l’insuffisance des explications (3), le gaspillage qu’engendre la présentation en pochette, aussi élégante soit elle (2). L’organisation un peu désordonnée de la distribution des cadeaux et les odeurs de cuisine montant de la salle basse à ce moment-là, ont fait l’objet d’une critique.
Quelqu’un s’est exprimé en faveur d’une programmation plus variée incluant même un concert sortant du registre baroque stricto sensu.
La nécessité de rajeunir le public a été soulignée deux fois.
Enfin, plus pratique, un spectateur venant de loin regrette le manque d’information sur les restaurants et lieux de pique-nique à Simiane.
Dans l’ensemble toutefois, les commentaires sont extrêmement élogieux pour les musiciens et les organisateurs et ces quelques critiques, dont nous tiendrons compte autant que possible, vont toujours de pair avec un bouquet de félicitations.
Variations sur Orphée
par Hélène Elkaïm
Le héros amoureux.
Figure mythologique de l’antiquité, Orphée traverse les siècles jusqu’à nos jours. Fils du roi de Thrace Oeagre et de la muse Calliope, muse de l’éloquence et de la poésie, et petit-fils du dieu Arès, il développa dès son plus jeune âge un talent inné pour la musique et le chant. Apollon lui offrit une lyre qui jamais ne le quitta : elle avait sept cordes, et il en rajouta deux pour évoquer les neuf muses qui concoururent à son éducation. De cette
lyre et de son chant, Orphée charmait le monde animal, végétal, minéral, mais aussi séduisait jusqu’aux plus sauvages des humains.
Héros voyageur, il triompha des Sirènes pendant l’expédition des Argonautes et les aida à s’emparer de la Toison d’or en subjuguant par la musique le serpent qui la gardait.
Sa rencontre avec l’amour en la personne d’Eurydice, qui est aussi son double féminin, reste centrale pour la compréhension du mythe, car elle véhicule tous les codes de l’initiation, transcendant le bien et le mal, la vie et la mort.
La transgression.
Orphée perd une première fois Eurydice, morte d’une morsure du serpent. Il va la chercher aux enfers dont il fléchit les gardiens qui l’autorisent à aller la chercher : elle le suivra, à la condition absolue de ne pas se retourner. Il n’y arrive pas et ne peut ainsi vaincre la mort : il perd Eurydice à jamais. Mais la fréquentation des dieux n’est pas innocente, et il devient l’enjeu de la rivalité entre Apollon et Dionysos/Bacchus, qui le fera déchirer par ses prêtresses, les Ménades. Sa tête poursuivra son chant, le chant du monde s’élèvera dans les cieux où Apollon en fera une constellation d’étoiles. Orphée, c’est ainsi, pour nous, celui qui doit se confronter au deuil, à la douleur et à l’oubli, nous menant ainsi dans nos enfers intérieurs ; dans les errances ; dans les amours, dans ce voyage pour voir ce que nous ne voulons pas voir dans l’interdit prononcé par les dieux « tu ne dois pas jeter les yeux en arrière ».
Les artistes s’emparent du mythe.
L’amour malheureux avec Eurydice a été raconté sous toutes les formes et toutes les scènes.
La musique, avec des pages admirables écrites sur le deuil impossible d’Orphée et sa mélancolie. Avec Monteverdi et son Orfeo (1607), mais aussi à la même époque Caccini et Peri, l’opéra connait sa véritable naissance. Le mythe n’a cessé d’inspirer les compositeurs : Gluck au XVIII° siècle, Offenbach ou Liszt au XIX°, au XXe siècle avec l’opéra de Pierre Henry et Pierre Schaeffer notamment.
Les poètes aussi : depuis l’antiquité avec Ovide et ses Métamorphoses jusqu’aux romantiques, il serait trop long de tous les citer ; retenons les admirables » Sonnets à Orphée » (1922) de Rainer Maria Rilke, qui écrit :
Seul qui éleva sa lyre
au milieu des ombres,
peut en pressentant
rendre l’hommage infini.
Nicolas Poussin (1594-1665)
Paysage avec Orphée et Eurydice
(v. 1659, Musée du Louvre)
Les arts plastiques ne sont pas en reste, avec les peintres Rubens, Poussin ou Moreau ; des mosaïques romaines et des poteries grecques Orphée inspirera plus tard Auguste Rodin. Le cinéma s’en empare avec l’Orfeo negro de Marcel Camus (1959) ou celui de Carlos Diegues (1999), après le testament d’Orphée de Cocteau (1959) qui, juste retour des choses, inspira l’opéra du même nom du compositeur Philip Glass en 1991.
Cette trop courte promenade se terminera en évoquant la danse, au cœur du mythe en ce qu’elle repose sur les dieux rivaux se déchirant Orphée, Apollon et Dionysos. Parmi les multiples chorégraphies, retenons, à côté de celles de Joseph Russillo ou de John Neumeier, celle de Pina Bausch et du Wuppertal Tanztheater créée en 1975 et reprise récemment à l’Opéra de Paris.
Orphée, figure mythique, mortel devenu Dieu, traverse les champs de la musique et de la danse, de toute la création artistique. Mais il est aussi figure qui rassemble l’écoute, écoute musicale intérieure, rythme du corps dans sa dimension double, masculine et féminine, et l’intensité de la passion.
Sur les pas de Lise
par Nicole Czechowski
Un concert narratif qui retrace la vie de la première femme violoncelliste de l’histoire et raconte son incroyable voyage en mots en musique et en image.
Née à Paris en 1827, Lise Cristiani est la première femme osant se présenter comme violoncelliste professionnelle. Sa notoriété attise de sévères critiques de la presse française car à son époque, il est inacceptable pour une femme de jouer du violoncelle. Elle devient cependant célèbre dans toute l’Europe et Félix Mendelssohn qui l’entend au Gewandhaus de Leipzig, lui dédie sa Romance sans paroles opus 109.
Au printemps 1847, Lise se rend à Saint-Saint-Pétersbourg où son succès est immense. Mais sa célébrité ne la satisfait pas. Elle est attirée par les voyages et part pour un périple à travers l’Empire russe, de Saint-Petersbourg au Kamchatka. Son violoncelle de Stradivarius sera son fidèle compagnon d’aventure. Lise ne revit jamais la France. Après la Sibérie elle prit le chemin du Caucase où une épidémie de choléra la faucha à l’âge de 26 ans.
Fascinée par ce personnage dont on sait peu de choses, la violoncelliste Marie-Thérèse Grisenti, mène pendant deux ans des recherches dans toute l’Europe et découvre qu’une autre passion, outre le violoncelle, la lie à cette artiste, celle du voyage en particulier dans l’immensité russe.
Pour en savoir plus consulter le site :
duogrisentivitantino.com
Elle conçoit alors ce spectacle en hommage à Lise Cristiani. Le récit est ponctué par de nombreuses œuvres brèves pour violoncelle et piano, représentatives du répertoire de Lise. Deux d’entre elles lui sont dédiées dont la romance sans parole opus 109 de Mendelssohn qui clôture le concert.
En scène Marie-Thérèse Grisenti s’associe au pianiste Marc Vitantino ainsi qu’à Dominique Boutel pour la narration et à Arthur Majka pour la partie visuelle.
Une action pédagogique pour nos jeunes.
Parallèlement au spectacle, elle a mis en place un parcours pédagogique destiné aux enfants qui a pour objectif de les initier au violoncelle par la pratique (avec des instruments adaptés à leur taille) en s’appuyant sur l’histoire de Lise et son fabuleux voyage. Elle interviendra les 6 et 7 avril à l’école de Simiane. Ces rendez-vous ont été élaborés en collaboration avec les professeurs des écoles pour sensibiliser les écoliers aux multiples facettes du métier d’artiste, tout en les préparant à l’écoute du concert narratif Sur les pas de Lise ou grands et petits, parents et enfants, seront les bienvenus.