Décembre 2018
Le conseil d’administration des Riches heures de la Rotonde vous présente ses meilleurs vœux et vous souhaite une année 2019 pleine de musiques.
Éditorial
Chers amis des riches heures, cette troisième lettre est d’abord un bilan. Le bilan complet réglementaire destiné à nos adhérents sera établi prochainement pour préparer les traditionnelles échéances de l’assemblée générale annuelle. Celle-ci, en raison de l’indisponibilité de certains membres du CA à cette période de l’année, a été légèrement décalée et se déroulera début février 2019, comme précisé ci-dessous.
2018 a été une année riche et active, riche d’initiatives, de nouveautés. Active au sens où les actions qui avaient été annoncées par la nouvelle équipe ont toutes été mises en œuvre.
Le Festival d’abord, avec une qualité des ensembles et des musiciens toujours au rendez-vous ; avec une augmentation de 16% du nombre de spectateurs payants, la Rotonde a vu sa fréquentation retrouver une pente ascendante, y compris en accueillant de nouveaux spectateurs. Le travail avec les offices du tourisme, notamment de Forcalquier, en est sans doute en partie la cause : le dépouillement du questionnaire (près d’une centaine, ce qui demande un temps assez long pour l’analyse) nous éclairera aussi.
Autour du festival, la salle basse de la Rotonde a accueilli une exposition où, au long d’une dizaine de panneaux était illustré de manière pédagogique et ludique le thème choisi du festival : « entrez dans la danse ».
Autour du festival, c’était aussi à Valsaintes, en partenariat avec le site magnifique de l’abbaye et son association, où la projection gratuite du film de Gérard Corbiau « Le roi danse » a suscité intérêt et discussions passionnées.
Autres actions ; nous avons eu un avant festival, et aussi un après. Avant, ce fut le concert du 23 juin, hors norme à bien des égards : thématique de la danse, mais illustrée par les marimbas de l’ensemble SR9, concert gratuit offert aux Simianais et permettant la présentation du programme annuel, disposition originale de la salle. Après ce fut une arrière-saison avec le 12 octobre un spectacle sur Boris Vian (voir interview dans la présente lettre), « troubadour du XX° siècle ».
Dans les deux cas, le partenariat avec l’association Vivre à Simiane a contribué à retisser le lien entre les Simianais et les Riches heures, et dans le cas du spectacle Vian, la présence d’un public nombreux a permis, malgré le prix peu élevé des places, de couvrir les frais engagés.
Enfin, nous anticipons le renouvellement générationnel de notre public, avec l’action pédagogique auprès des enfants de l’école de Simiane (voir article ci-dessous).
En 2019, et sous réserve bien entendu de nos ressources, comme nous l’explicitons ci-dessous, nous maintiendrons le cap. Le festival, qui se déroulera du 3 au 15 août, aura pour thème « Europe, princesse phénicienne », ce qui nous permettra de présenter un voyage dans l’histoire et la culture de notre continent, depuis ses origines mythologiques.
Comme en 2018 mais sous d’autres formes en cours d’élaboration et de discussion, des correspondances entre musique et autres arts seront recherchées, l’action pédagogique devra être reprise et amplifiée, les partenariats maintenus et élargis et les simianais impliqués.
Enfin, nous amorçons avec cette lettre de nouveaux développements pour notre communication, avec des interviews ou des notes de lecture, en attendant une maquette rénovée pour notre prochain numéro. Et en vous rappelant que cette Lettre est aussi la vôtre et donc n’hésitez pas à nous adresser remarques, propositions, suggestions ou articles à publier.
Gilbert Elkaïm, président du conseil d’administration des Riches heures de la Rotonde.
IMPORTANT A NOTER.
L’assemblée générale ordinaire de l’exercice 2018 de l’association des Riches heures de la Rotonde se tiendra le samedi 2 février 2019 à partir de 15h en Mairie de Simiane la Rotonde, salle du Conseil municipal. Les documents relatifs à cette réunion vous seront adressés à la suite de la réunion du Conseil d’administration du 12 janvier 2019. Bien entendu, les adhérents à jour de leurs cotisations au 31 décembre de cette année 2018 seront conviés à y assister ou à s’y faire représenter. Nous rappelons que ces adhérents sont ceux qui ont cotisé depuis le 1 septembre 2017 et jusqu’à la fin 2018.
Un bilan financier en demi-teinte : l’exercice octobre 2017-septembre 2018.
Le bilan financier complet et détaillé sera présenté à la prochaine AG. Voici les grandes lignes qui se dégagent pour l’exercice écoulé.
Grâce à la trésorerie disponible en début d’exercice et aux recettes diverses nous avons pu réaliser les actions que nous avions prévues et honorer nos engagements, notamment vis à vis des ensembles et de nos fournisseurs.
Côté recettes, pour un montant global de 31038 € les principaux faits marquants sont :
Cotisations et dons sont à un niveau sensiblement identique à celui de l’exercice précédent (léger excédent de 237€.)
Les recettes liées aux entrées aux concerts s’élèvent à 12 696 € à comparer à un total des recettes en 2017 de 14 015€ et ce malgré une augmentation de la fréquentation (payante) de plus de 16% ; cet écart s’explique par le fait que nous avons appliqué une nouvelle tarification, ainsi qu’une nouvelle organisation pour la billetterie, privilégiant l’arrivée d’un nouveau public et le redressement de la fréquentation.
S’agissant des subventions, la commune de Simiane et le Conseil départemental ont maintenu leur soutien pour un montant global de 10500 € (soit environ 30% du total des recettes). Nous avons en revanche été surpris de l’attitude de la Région, qui était un soutien fidèle, et encore l’an dernier à hauteur de 7000 €. La veille du premier concert au mois d’août, nous recevions une information selon laquelle notre demande, pourtant parfaitement rédigée, ne pourrait être examinée. Grâce à notre action et à l’appui d’élus issus du 04, nous espérons que l’ultime réunion de programmation aura permis de débloquer la situation. Un point sera évidemment fait à cet égard à la prochaine AG.
Le montant des recettes lié à la publicité est en légère régression par rapport à l’exercice précédent du fait que certaines publicités trouvaient leur origine chez des partenaires qui sont intervenus en tant que mécènes cette année.
Enfin, nous devons mettre en exergue la contribution significative des nouveaux mécènes qui nous ont soutenus lors de cet exercice et dont les apports pèssur ; nous tenons donc à remercier la Société Young Living, le Domaine Les Davids, le Crédit Mutuel et le Crédit Agricole dont les apports à hauteur de 2 850€ ont permis de réaliser notre programme et de ne pas altérer trop significativement notre trésorerie.
Côté dépenses, un effort particulier de maitrise a été mené, et les dépenses sont en diminution de 10% par rapport à l’exercice précédent et si l’on compare nos dépenses sur des périmètres comparables (à savoir sans les charges induites par les nouvelles manifestations que nous avons organisées) la diminution est de 24% ; ces économies nous ont permis d’organiser de nouvelles actions dont le coût s’élève à 4 195€ ( Session de découverte de la musique pour les enfants des écoles de Simiane, exposition pendant le Festival, projection d’un film, concert gratuit avant Festival).
Nos dépenses de fonctionnement sont en diminution à 2 273€, et les dépenses liées à l’organisation du Festival sont également en nette diminution du fait de la nouvelle organisation.
La trésorerie en ce début d’exercice 2018/2019 est de 14 416€ ce qui permet d’engager le nouvel exercice dans des conditions globalement satisfaisantes, sans relâcher notre vigilance.
Bernard Cavallo, trésorier de l’association.
Le mécénat, un engagement à la portée de tous
Dans le cadre des dispositions d’incitation fiscale de la loi Aillagon de 2003 sur le mécénat culturel l’administration a mis en place dès l’année suivante en 2004 une procédure permettant aux associations comme la nôtre de s’assurer officiellement de leur statut d’intérêt général, et donc de garantir à leurs donateurs la défiscalisation de leurs dons.
Une des premières actions de la nouvelle équipe du Festival de Simiane a été d’activer cette procédure dès la fin 2017, et, après une enquête longue et minutieuse de l’administration nous avons eu le plaisir de recevoir une réponse positive.
Nous pouvons donc désormais établir officiellement des reçus fiscaux à nos donateurs, leur permettant ainsi de défiscaliser leur don à hauteur de 66% de son montant, en devenant mécènes (ainsi un don de 100€ ne vous coûte effectivement que 34€).
Devenir mécène du Festival, que vous soyez un particulier ou une entreprise, c’est décider d’investir une part d’impôts dans un projet qui contribue au développement et au rayonnement du village de Simiane la Rotonde et des territoires environnants.
Le conseil d’administration réfléchit activement à la mise en place dès cette année d’un système de mécénat simple et attractif à destination aussi bien des particuliers que des professionnels. Le fruit de cette réflexion fera probablement l’objet d’une communication et d’une campagne de recherche spécifique dès le début de l’année 2019.
Dans les prochaines années, la recherche de fonds privés sera un élément de plus en plus important du financement des activités de notre association et en même temps un signal fort adressé à nos autres partenaires, en leur apportant la preuve de l’importance que chacun accorde ainsi à nos actions, au bénéfice de notre population et de nos collectivités.
Jean Bascou
Animation musicale à la Rotonde pour les élèves de l’École primaire de Simiane, proposée par les professeurs du Conservatoire d’Apt, à l’initiative des Riches Heures.
« Génial…, super…, moi je voudrais étudier la flûte…moi le piano…et moi la guitare électrique », les conversations allaient bon train tandis que les enfants quittaient la salle haute de la Rotonde, commentaires brefs très positifs, bien que parfois un peu « décalés », comme celui de cette toute petite fille, rentrée chez elle en disant qu’elle avait surtout aimé « le violon ». Peu importe qu’il n’y ait eu ni guitare électrique ni violon, la musique entendue sous les belles voûtes du XIIème siècle les a visiblement touchés.
Il faut dire que les professeurs du Conservatoire d’Apt ont bien fait les choses. Six musiciennes en tout. Trois professeurs : Béatrice Bourdin à la flûte, Sophie Bois à l’harmonium, Elisa Barbesi au clavecin et, pour enrichir l’intervention, une surprise : le Consort de 4 flûtes animé par Béatrice Bourdin ! Ainsi un large éventail de flûtes à bec (basse, alto, ténor et soprano) a été proposé au jeune auditoire pour comparer les sonorités. « Ce déplacement dans un village est une grande première, nos interventions se limitant jusqu’à présent à la ville d’Apt » nous a déclaré Béatrice. Nous apprécions et nous les remercions.
Les élèves sont venus en deux groupes : les « grands », puis le CP et les maternelles, ce qui a permis d’adapter les mots à l’âge. Sous une forme ludique, avec gestuelles, pas de danse et chant, les musiciennes ont su faire comprendre des notions très sérieuses sur la facture des instruments, la hauteur des sons et leur force. Pour des explications plus concrètes, un sautereau a été extrait du clavecin prêté par Jean Bascou et Sophie Bois a présenté un tuyau d’orgue. Un peu d’écoute aussi, surtout de la musique de danse du XVIème siècle en parfaite harmonie avec les lieux. Pour finir, grands et petits élèves ont pu « se pavaner » sur l’air de « Belle qui tiens ma vie », en une ronde tranquille !
Les deux séances ont pris fin dans la bonne humeur générale : les professeurs contents de l’attention qui se lisait sur les visages, et les enfants, à la fois surpris et ravis de cette belle parenthèse musicale au cœur de leur patrimoine ! Laissons le mot de la fin à Dominique Dupuis, la directrice de l’Ecole : « une expérience à renouveler »
Josiane Tamburini
Interview, après le spectacle Vian.
Le 12 octobre dernier, en partenariat avec l’association « Vivre à Simiane », la Rotonde a accueilli un spectacle original. Reprenant le titre de sa chanson « on n’est pas là pour se faire engu… », Anne Calas, accompagnée par Patrick Reboud aux instruments et mise en scène par Denis Bernet- Rollande, a donné vie aux chansons et textes de Boris Vian.
A la fin du spectacle qui a réuni près de 100 personnes, elle nous a confié ses réactions.
– Q : Anne Calas, le spectacle que vous venez de donner à la Rotonde autour de Boris Vian vient de se terminer : une centaine de spectateurs à cette époque de l’année à Simiane. Quelle est votre première réaction à chaud ?
Je vous réponds immédiatement : l’enthousiasme ! Ce public nous a littéralement portés de bout en bout. Nous avons vécu une formidable symbiose et la présence de Patrick Vian n’est sans doute pas étrangère à ce sentiment. Nous venons de faire un somptueux voyage, sur du velours, dans un écrin vibrant d’une chaleur humaine rare.
– Q : la Rotonde de Simiane, son acoustique, l’histoire qui l’habite, constituent un lieu sans doute très différent des lieux où vous avez donné ce spectacle, et de l’ambiance « cabaret » qu’on peut imaginer autour de Vian.
Cela a-t-il modifié votre approche du spectacle, créé d’autres rapports avec le lieu ou la salle ?
Cela n’a modifié en rien notre approche du spectacle car nous sommes habitués à jouer dans des lieux extrêmement divers, et souvent à domicile. Dans une telle logique, nous avons appris à interroger le lieu qui nous accueille. À être à son écoute et à nous appuyer sur lui. La rotonde est un cadeau pour les artistes que nous sommes. C’est un contenant riche de siècles d’Histoire dont l’acoustique, lorsque la salle est remplie comme c’était le cas, est absolument idéale. Le son est juste. Et beau.
– Q : nous avons dans la publicité pour la soirée souligné que pour nous, organisateurs, Vian était un peu un « troubadour » de son époque. Que pensez-vous de cette formulation ?
Elle me semble juste dans la dimension satirique, comique et politique qui était celle des troubadours du moyen âge. Et aussi bien sûr dans leur dimension poétique.
Les troubadours n’étaient pas des amuseurs, mais bien plutôt des inventeurs et des créateurs. Boris Vian a été pour la période d’après- guerre et dans sa singularité, un extraordinaire explorateur. Il était un touche- à- tout de génie. Un phénoménal accélérateur de particules.
Nous avons de la chance.
– Q : Reviendrez-vous avec votre « équipe » à la Rotonde ? Quels autres « troubadours » y trouveraient leur place ?
Notre équipe, comme vous dites, est en réalité une trinité. Pas forcément sainte, mais bien réelle : notre metteur en scène, Denis Bernet-Rollande, grand chef d’orchestre de nos créations, Patrick Reboud, musicien et compositeur aux multiples talents qui n’est pas seulement accompagnateur, mais véritablement acteur et chanteur au même titre que moi., avec lequel une très grande complicité s’est tissée au fil des années et des créations.
Si vous nous invitez, je vous réponds d’emblée : oui, nous reviendrons avec un très grand plaisir. Je pense en particulier à un autre « troubadour » et non des moindres que nous pourrions vous proposer : Bobby Lapointe, génial inventeur lui aussi, virtuose des mots et grand irrévérencieux.
Un livre : Philippe Beaussant, « Vous avez dit baroque ? » (Actes Sud 1988)
C’était il y a trente ans… La préhistoire, diraient certains. Un livre présenté comme une partition musicale. Assez bref par la longueur, mais dense par le contenu et l’importance, auscultait ce qui paraissait à l’époque une mode sans avenir : celle des instruments dits anciens, pratiqués par des musiciens appelés péjorativement « baroqueux ».
Philippe Beaussant, qui va créer ensuite le centre de musique baroque de Versailles, haut lieu de recherche et d’écoute musicale, nous entraine dans un voyage autour du monde, de l’Australie où un improbable professeur Tournesol expérimente des clavecins qui feraient fuir Jean Bascou, à tous les pays où s’escriment les Gustav Leonahrt, Philippe Herreweghe, Christophe Rousset et autres Agnès Mellon ou Brigitte Lesnes, qui aujourd’hui sont reconnus et célébrés comme les grands découvreurs qu’ils ont été.
Surtout l’auteur nous montre de manière très claire comment, à travers ce travail de restitution de musiques anciennes, c’est toute la question de l’actualité de l’écoute musicale qui se pose. Comment, finalement, en gros jusqu’à la fin du XIX° siècle, on n’écoutait que la musique de son époque, malgré les premiers efforts de Mendelssohn par exemple pour ressusciter la musique de Bach quasiment oubliée depuis sa mort. Et que c’est au XX° siècle, et surtout avec la possibilité d’enregistrer et reproduire le son, que nous allons écouter des musiques des autres siècles, paradoxalement en n’écoutant plus la musique de notre époque, mais ceci est une autre histoire.
Il y aurait beaucoup à dire encore sur ce livre fondateur, mais le mieux est de le lire. Terminons donc par un clin d’œil : L’année de sa parution était aussi celle de la publication des premiers statuts de l’association des riches heures de la Rotonde. Vous avez dit baroque ?
Gilbert Elkaïm